La Myopie
Avec l’aimable autorisation du Dr. BENOIS Edouard Ophtalmologue à Villedieu.
La myopie n’est pas une maladie, pas plus que l’hypermétropie (son contraire), ou l’astigmatisme, ou même la presbytie ; mais un défaut optique oculaire, si l’on considère que l’idéal est de voir à l’infini (de loin) sans lunettes ni lentilles de contact. Quand on est myope, on voit bien de près, mais mal de loin.
Un œil myope a un diamètre antéro-postérieur (une profondeur) plus grande que la moyenne, égale à 23 millimètres : un oeil myope peut donc mesurer 24, 25, 26 mm, ou davantage. L’œil a la particularité de continuer à grandir – statistiquement – jusqu’à l’âge de 25 ans environ : la myopie alors se stabilise.
La myopie n’est pas due au travail scolaire ; ni à un mauvais éclairage ; ni à l’ordinateur, ni à la télévision. Rien ne peut l’influencer : quand on devient myope, c’est qu’on est « programmé » pour le devenir.
Généralement donc, la myopie apparaît au cours de l’enfance, et se manifeste par une vision floue au tableau de l’école, ou bien une gêne à l’apprentissage de la conduite automobile ; la première étape est donc de consulter, puis de s’équiper en lunettes, qui ne sont utiles que pour la vision de loin : sauf pour les fortes myopies, il est préférable de les quitter pour le travail en vision rapprochée (lecture, par exemple). Les lunettes ont l’avantage d’offrir une protection oculaire mécanique efficace.
Le fait de porter ou non les lunettes n’a aucune influence sur l’évolution de la myopie, qui en principe, va de toute façon augmenter jusqu’à environ l’âge de 25 ans. Il ne sert à rien de surveiller la myopie, dont la vitesse d’évolution est variable et imprévisible ; il est donc parfaitement inutile et superflu de consulter tous les ans, ou tous les 2 ans … Il faut revenir consulter uniquement dans deux circonstances : la vue de loin devient moins bonne, ou bien les lunettes sont usées (verres rayés, ou bien monture défectueuse).
Vers l’âge de 18 ans, on peut envisager les lentilles de contact. Plusieurs solutions sont possibles ; paradoxalement, l’équipement en lentilles dures respecte le mieux la biologie de l’œil : c’est le meilleur. Quoiqu’il en soit, le port de lentilles nécessite une hygiène très méticuleuse ; et il ne faut jamais dormir avec des lentilles. Les lentilles de contact sont aujourd’hui très performantes. Ce mode de correction optique est idéal pour les myopes : par rapport aux lunettes, l’image rétinienne est un peu plus grande, et le champ visuel est élargi ; la vision est pratiquement parfaite.
La chirurgie de la myopie se décline en plusieurs techniques adaptées au degré de la myopie, qui continuent de progresser. Cette chirurgie irréversible, à laquelle on peut coupler la cure d’un éventuel astigmatisme associé, reste relativement onéreuse en raison de la cherté du matériel utilisé (laser), et non remboursée par la Sécurité Sociale (la myopie n’étant pas une maladie). Ses échecs et complications, plutôt rares, ne doivent pas être occultés ; ses inconvénients non plus. À court terme, malgré les fréquentes douleurs qui suivent l’acte opératoire, les opérés sont le plus souvent enchantés. À moyen terme, c-à-d. à l’âge de la presbytie (quarantaine), il devient nécessaire de s’équiper de lunettes pour lire (alors que les myopes non opérés continuent de pouvoir lire sans lunettes). À long terme (le recul des techniques est maintenant suffisant pour le savoir) d’autres soucis se révèlent : le dépistage du glaucome est plus ardu, et le calcul de la puissance du cristallin artificiel pour la chirurgie de la cataracte devient plus compliqué et moins précis.
Si la myopie n’est pas une maladie, l’anatomie oculaire particulière qui en est la cause (grandeur de l’œil) peut se compliquer de maladies ; tout se passe comme si la rétine se distendait et craquait : les déchirures ou les trous rétiniens ne sont pas graves, mais nécessitent d’être soignés au laser avec une technique parfaite, afin de prévenir le décollement de la rétine ; comme ils sont souvent asymptomatiques il est utile de les dépister à partir de la trentaine, en fonction du degré de la myopie. Le décollement de rétine est une maladie rare, mais très grave, toujours précédée de déchirure ou de trou rétiniens ; elle ne se soigne jamais au laser, mais nécessite une chirurgie spécifique très délicate, dont le taux d’échec n’est pas négligeable. L’œil myope est aussi plus sensible au glaucome chronique que l’œil « normal ».
Consolez-vous : les autres amétropies (défauts optiques) ont leurs inconvénients, avec d’autres complications médicales, et surtout, au quotidien, leur inconfort est largement supérieur ! Les hypermétropes et les astigmates sont beaucoup plus à plaindre que les myopes : la myopie -à condition qu’elle ne soit pas trop grande- reste donc la plus désirable des imperfections optiques oculaires.